La tendance existait déjà – surtout – dans le textile -, mais avec la crise elle s’accélère et s’étend à toutes les industries. Désormais la « seconde main » est même devenue une opportunité de business sur laquelle surfent les plus grandes marques. Et si les TPE/PME s’inscrivaient également dans ce schéma aussi vertueux que porteur ?

On connaissait déjà l’engouement pour les dépôts-ventes et les friperies fréquentés tant par les consommateurs soucieux de réaliser des économies que par les victimes de la mode en mal de style. Puis les marketplacese sont invitées dans le paysage contribuant un peu plus à professionnaliser le marché (Vinted est même devenu l’un des cinq sites marchands les plus consultés de France). Du mobilier, de la décoration, en passant par l’électronique, l’informatique ou bien les produits de luxe, une deuxième vie attend nos objets du quotidien ! Même si ce phénomène s’est accéléré grâce à la digitalisation, c’est sans compter les enseignes physiques qui se sont faites spécialistes de la seconde main et qui, boostées par leur succès, ont même fini par se déployer en franchises, à l’instar de KiloShop ou encore, d’Easy Cash : 118 magasins, partout en France, pour le spécialiste de l’occasion et du reconditionné tous produits confondus et un CA de 180 millions d’euros. Le tout en seulement 20 ans… Car le consommateur du 21e siècle est devenu responsable, il dit stop à l’obsolescence programmée, il réfute le gaspillage, bref, il n’aime plus tellement le flambant neuf et son empreinte carbone inutile…
A consommateur responsable, enseignes responsables
Face à une société qui veut montrer l’exemple, les marques ont dû s’adapter. En 2013, le géant H&M décide ainsi de se lancer dans le recyclage de textiles pour donner une nouvelle chance aux 85% de vêtements finissant dans la benne dans le monde. En 2018, l’enseigne de fast fashion par excellence en a ainsi récolté plus de 20 000 tonnes (contre seulement 3 000 l’année du démarrage de l’opération…).
Puis est venu le temps du coronavirus et du confinement, et avec lui, une nouvelle prise de conscience quant à l’inutilité d’une consommation excessive alors que la planète va si mal. De quoi faire plancher les entreprises sur un modèle plus vertueux et en adéquation avec les nouvelles attentes de la société. 2020 a ainsi vu émerger bien des initiatives : en décembre dernier, La Redoute annonçait une offre de seconde main pour le vêtement et la décoration de maison. Le mois précédent, IKEA ouvrait son premier magasin de meubles d’occasion en Suède et proposait à tous ses clients la reprise de leurs anciens meubles en échange d’un bon d’achat… Dans la même tendance : Auchan, et ses corners « occasion », ou encore Zalando…
Transposer le modèle aux TPE et PME ?
Et si tous les « grands » s’y mettent, pourquoi les plus « petits » ne s’inscriraient pas aussi dans la tendance ? Avec un secteur de la seconde main si dynamique, c’est peut-être là l’occasion de générer du business (ouvrir une franchise spécialisée, proposer du « troc » dans sa boutique ?) ou à défaut, au moins, de réaliser des économies… A l’heure où les trésoreries sont en berne, un parc informatique trop vieillissant peut être remplacé par du matériel d’occasion ou reconditionné. De même, réaménager l’espace dans son entreprise peut désormais se faire à bas prix. Quant à l’image employeur, elle n’en sera qu’améliorée. Oui, au 21e siècle, la réussite ne s’affiche plus à force d’équipements neufs sortant d’usines (qui plus est quand elles sont étrangères…). Au 21e siècle, réussir, c’est consommer moins, mieux. Car rien ne se perd, tout se transforme.
300 ans après, jamais la célèbre citation de Lavoisier n’aura été aussi vraie. La conservation de la matière n’est pas seulement une question de chimie, c’est aussi de l’intelligence collective !
